Nous n'étions plus les mêmes, quelque chose en nous avait radicalement changé, pour combien de temps? Assez longtemps pensais-je pour que nous ne commettions jamais plus la même erreur…
J'avais à peine 17 ans quand c'est arrivé, j'en ai aujourd'hui le double, je garde en mémoire les traces de la société qui m'a nourrit à cette époque comme une histoire résolument obsolète, mais aussi comme un patrimoine que je léguerai aux générations futures.
C'est étrange et dérisoire ce qui nous est arrivé, à l'instar des premiers hommes qui avaient peur que le ciel ne leur tombe sur la tête, quand nous nous moquions d'eux avec suprématie, quand nous en étions à l'apogée de nos technologies, les êtres humains de mon époque n'avaient rien trouvé de mieux que de prendre au fil des ans quelques centimètres de plus sur leur morphologie comme si ils voulaient inconsciemment se rapprocher du ciel.
Bien sûr cela n'a pas suffit et nous avons fini par récolter les fruits de notre civilisation déclinante même si nous voulions croire au contraire, car si les hommes n'ont pas su gérer leur temps, le temps lui s'est chargé de remanier la planète à sa façon…et croyez moi quand le moment fut venu, notre peau ne valait pas cher sur l'échelle de Richter
L'Apocalypse des saisons a joué franc jeux, menant avec elle une guerre que les hommes s'étaient concoctés avec la superbe qui les caractérise. Les éléments déchaînés nous réduisirent en miettes. Pas un seul continent ne sortira vainqueur, les cyclones en char d'assaut, les tsunamis pour missile, la sécheresse et le froid comme bouclier, la fourmilière mondiale venait de se faire écraser, balayer, par la NATURE!
Malgré la souffrance que j'ai vécu en assistant à la mort de tous les êtres chers à mon cœur, malgré la terrible vision de mon monde dévasté et à l'agonie, malgré la honte de mon aveuglante appartenance à cette auto-destruction, malgré le souvenir de milliers de morts déchiquetés et décomposés qu'ils nous a fallu brûler, malgré qu'il m'ait fallu réapprendre à marcher différemment, j'ai survécu…dans le froid et la pauvreté, dans l'incommensurable poids de nos actes ratés.
Aujourd'hui près de 17 années ont passées, accompagné par mon père d'infortune, mon ami, mon frère aîné et après une longue journée dans les champs le soleil est sur le point de se coucher, les couleurs font une synopsie à notre mémoire. Tout deux balayés par la brise de ce soir hivernal, un peu fébriles à l'idée d'éprouver à nouveau le bonheur, nous nous dirigeons vers notre avenir. Je me rapproche d'André mon compagnon car l'espace qui nous sépare ne me rassure pas.
Mais déjà j'aperçois une silhouette qui s'avance vers nous, est-ce bien elle ? Est-ce que je ne rêve pas ? Le visage buriné et stupéfait d'André semble bien confirmer mes espérances libératoires
OUI c'est Mathilde enlaçant notre enfant dans une épaisse étole en laine, , il est né, et moi je ressuscite.
La vie, encore une fois…
L'amour pour éternité
Chaperonverl'infini et audelà
Amen