"RETOUR D'ASCENSEUR":
J'ai le cœur léger aujourd'hui, je suis contente, je suis gaie, tout va bien.
Je dois me rendre à une réunion très importante, j'ai tout préparé, j'ai sué pour peaufiner mon projet, je vais aujourd'hui le présenter devant mes chefs, comme je les appelle. Je suis terriblement impatiente, j'ai envie de leur faire découvrire mes idées, mon travail, je suis fière de moi et "j'ai même pas peur."
J'arrive donc devant le grand bâtiment de verre, j'aperçois ma silhouette dans les grandes vitres de la porte d'entrée ou des centaines de gens passent chaque jour… Je me trouve belle.
A l'accueil on me signale avec un large sourire que je suis attendue au 58 ième étage. Naturellement l'ascenseur s'ouvre à moi, sans que je prenne la peine de l'appeler, comme par magie. J'effleure le numéro 5 puis le 8… avant que les portes ne se referment un corps étranger se faufile prestement à l'intérieur de la cabine qui nous emporte aussitôt vers les étages célestes .Je n'ai pas prêté attention tout de suite au costar cravate qui m'accompagne il y en a des centaines par heures qui défilent dans ses locaux, autant dire qu'ils sont à mes yeux aussi invisibles que le papier peint qui décore les murs.
Et pourtant quand l'individu dont je ne me souciais guère la seconde d'avant attrapa mon regard, mon sang se glaça.
C'était Bruno Couane, un individu certes mais de la pire espèce, un furoncle, une plaie béante, une hyène fétide, mon pire ennemi. Celui dont on dit "je l'aurai je l'aurai" et qui se faufile toujours en usant de courbettes. Un lâche à qui on aimerait bien écraser la face contre un mur sans lui ôter ses lunettes pour que les débris de verres viennent lui déchirer l'iris.
Je n'endurerai pas sa présence bien longtemps. Nous sommes déjà au 35 ieme étages, je reste impassible, et indifférente à ses regards insistants…Plutôt crever que de lui donner une once de reconnaissance quelle qu'elle soit..
- "Mais oui j'en suis sûr maintenant me lance-t-il les yeux un peu plissés et la tête penchée, on se connaît!"
- "Vous devez faire erreur, car moi personnellement vous ne me dites rien.
- "Mais si voyons…
Je regarde les étages défiler. Plus que 8 et Bruno Couane peut aller en enfer,
- "N'insistez pas puisque je vous dis que je ne vous connais pas"
- "Oh ! mais comment vous appelez-vous déjà ? Fait il mine de réfléchir.
Plus que 5 étages, le septième ciel est moins long ! Puis au 55 ième l'ascenseur s'arrête net, ouf ! Il va descendre ici pensais-je mais les portes restent closes , la lumière vacille, la cabine est bloquée.
- "Je crois que l'ascenseur est coincé me lance-t-il en appuyant sur tous les boutons
- " Arrêtez de faire la dactylo sur les touches vous allez tout détraquer lui dis-je d'un ton sec!"
- "Oui vous avez raison, pas la peine de s'inquiéter; ainsi nous aurons le temps de faire connaissance, ricane-t-il un soupçon nerveux tout de même.
Je préfère garder le silence. Moi qui voulait le coincer par tous les moyens il y a 15 ans, et lui renvoyer l'ascenseur de ses perfidies. Je me trouve aujourd'hui bloquer avec lui dans un ascenseur, c'est risible!
- "Pourquoi souriez-vous? Me questionne-t-il en interrompant mes pensées, vous prenez la chose bien légèrement poursuit-il sensiblement agacé
- "Oui en effet je trouve ça plutôt drôle pas vous?"
- "Non …non vraiment pas, je trouve que notre situation est loin d'être pittoresque voyez-vous !"
L'occasion est trop belle car le bougre d'âne, le bouffon des couloirs est tout perlé de sueurs froides, et si je suis mon instinct je tiens enfin ma vengeance. Il ne pourra pas se faufiler, il est bloquer, prisonnier, je vais l'écraser comme une bouse de hanneton.
.Je prends un air atterrer pour lui annoncer
- "Vous avez raison, la situation est peu glorieuse, nous sommes coincés dans cet ascenseur et dieu sait ce qui peut nous arriver.
- "Qu'entendez-vous par "dieu sait ce qui peut nous arriver" les techniciens vont réparer cette incident très rapidement ? Non?!
- "Je ne crois pas, vous n'êtes pas au courant de la grève qui se préparait en début de semaine, j'ai bien peur que l'on nous joue un sale tour mon bon monsieur.
- "Vous insinuez que cette panne est volontaire? Me demande -t-il de plus en plus pâle et transpirant; mais pour quelle raison s'en prendrait-on a nous?
L'âne bâté est claustrophobe, doublé d'un trouillard maladif, comme tout lâche il se cache ordinairement derrière une assurance feinte, et une roublardise pitoyable. Mais aujourd'hui il ne pourra pas faire de pirouette, ni de croque en jambe. Aujourd'hui je vais lui faire le coup de la panne d'ascenseur.
- "Et bien tout bonnement parce que je suis la Vice-Présidente de la société et qu'à ce titre j'imagine qu'ils veulent faire comme en Angleterre il y a 3 mois, séquestration de La Direction par ascenseur, vous devez être au courant de cette sordide histoire?
- "Euh oui oui bien-sûr je suis au courant… MAIS MOI, je n'ai rien fait !
- "Oui certes vous n'avez pas du faire grand chose.. mais qu'importe, ils pensent sûrement que vous êtes mon secrétaire.
Je crois qu'à cet instant il a dépassé toutes mes espérances en se précipitant contre la paroi de la porte en fer. Tambourinant de toutes ses forces ils s'est mis à hurler " relâchez-moi, relâchez moi je suis Bruno Couane, je suis simple archiviste, vous faites erreur, relâchez-moi!
Je ne supporte pas d'être enfermé, par pitié je fais partie de la CGT.
Est-ce les voix impénétrables du syndicalisme qui sont venues à nous mais miraculeusement l'ascenseur à ce moment a repris sa course jusqu'au 58 ième.
Sa sortie fut non moins remarquable car Couane se projeta littéralement à l'extérieur de la cabine. S'agrippant aux personnes qui attendaient l'ascenseur et il répétait : "je ne suis pas le secrétaire de la Vice-Présidente, je ne suis pas le secrétaire de la Vice-Présidente" Au vu des regards dédaigneux et surpris qu'il produisait autour de lui, Le Couane comprit un peu tard la situation grotesque dans laquelle il s'était mis. Et peut-être même, du moins je l'espère, s'est il rappelé de mon nom.
Mais, quand il me chercha du regard pour vociférer sa honte, j'étais déjà loin, prête à présenter mon projet en présence de la Vice-Présidente.
Chaperonvert après correction de Grosby
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Sujet: L'ascenseur - Retour d'ascenseur ! 
Mar 2 Mai - 19:06
. Vaut mieux "être bien avec toi" :bball: si on ne veut pas faire l'objet d'une telle description !! 
