Mes talons glissent sur les dalles de marbre du hall d'entrée...
Je vois au loin les portes de l'ascenseur ouvertes encore, comme un appel au succés..
Vite! je suis en retard. Je me jette littéralement dans la boite, où une personne attend déjà.
Les portes se referment dans un suintement doux, un soubresaut et la sensation que mon cerveau descend dans mon estomac.
Je réajuste mon chemisier et serres mon manuscrit sous mon bras, mon regard se tourne alors vers l'autre habitante de la cabine.
Elle est là. Le regard fixé sur la porte.
Elle.
Elle qui m'a enlevé David que j'aimais.
Elle qui a brisé ma famille. Elle, qu'il a défendu devant ma colère.
Elle est là.
Une bouffée de haine m'envahit. Mes lèvres s'abaissent dans un rictus de colère. Elle ressurgit la colère pleine et entière. Comme une vague brulante, elle me submerge...
Un an déjà... un an de tentative d'oublie inaboutie, un an de souffrance à dominer pour les petits.. un an d'enfer.
Lui sauté à la gorge me tente bien. Mais....
Que vient elle faire là...?
Elle m'ignore du regard.
Soudain la cabine s'arrête, mais entre deux étages.
Le hasard me parle.
Elle pince les lèvres. Je la fixe du regard, sans rien dire, comme un reproche...
Et le temps passe....la chaleur monte.. la gène aussi... mais je la fixe.
Elle évite mon regard en fixant droit la porte fermée devant elle.
Piége à rat. Une legère peur suinte à son menton.
Elle a peur.
Je remue. Je la sens se tendre, jeter un regard de bais pour surveiller mes gestes.
Je la regarde encore et encore.
Pourquoi elle.? Elle est jolie mais elle est sotte, malgrés ses diplomes.
Elle a peur.
Mon mépris fuse de tout mon corps.
Je ne sue pas moi, je rayonne ...de haine et de colère trop longtemps contenues.
Et puis je sors mon vernis à ongle, et agite le pinceau dans le pot en sifflotant d'un air désinvolte.. j'attends ....
Elle s'agite à son tour, papillonant des cils. chacun de mes gestes l'affollent.. je souris intérieurement...
" salope..;"
un quart d'heure, et puis c'est la secousse de démarrage... mon flacon s'envole d'un coup venant se vider sur le tailleur blanc de la dame, qui l'air effaré et mécontent ne peut qu'émettre que " ho!!!
Oui ho !! pour toutes les larmes versées, oui oh pour toute la peine d'être abandonnée, oui oh! pour mon amour perdu...
"Oh!! désolée" dis - je en étalant de plus belle les dégoulinures sur le bel habit en faisant mine de réparer....un sourire narquois aux lévres
" à chacune d'avoir les mains sales..."