Chaque matin à l’heure où le coq s’égosille,
La bouille me toise, me prend pour une bille,
Elle marmonne et fait des grimaces,
Elle ronchonne devant la glace.
La bouille est ma meilleure ennemie
Elle s’enlaidit au saut du lit,
Elle blêmit à la moindre nausée,
Et se ride au fil des années.
La bouille était belle autrefois
Elle attirait les regards coquins
Et à travers ses sourires narquois
Elle arrivait toujours à ses fins.
Les yeux pleins de larmes,
Elle m’attendrit et me désarme,
Je la cajole et la maquille,
Jusqu’à ce que ses lèvres scintillent.
Le cœur léger, la bouche in tantinet gourmande,
Son pêcher mignon le biscuit aux amandes,
La bouille croque, goûte, et dévore la vie,
Elle m’entraîne et dans sa folie je la suis.
En colère renfrognée ou la mine en liesse,
Je l’ai adoptée pour toujours,
Et si parfois elle rend la monnaie de ma pièce,
Elle reste ma Bouille d’Amour.