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MessageSujet: Senteurs   Senteurs Icon_minitimeVen 9 Mar - 6:52

Deux femmes, l'une âgée de 65 ans, l'autre de 50ans, ont décidé de partir en vacances en Guadeloupe, sans trop se connaître. Sans l'aînée, la plus jeune serait partie pour une destination plus aventurière, mais sûrement pas cette année là. Sans la plus jeune, la plus âgée ne serait pas partie en prenant l'organisation en mains.
Car Maya sortait d'une déception professionnelle, elle était en pleine bérésina sentimentale et se débattait dans un magma avec sa fille aînée irresponsable et attentiste.
Et Louise était toujours partie soit sous la houlette de son mari, soit sous celle d'une de ses amies aussi âgées et méticuleuses dans l'organisation.

Oui, sans Louise, Maya ne serait pas partie à ce moment là. Et Louise, sans Maya, ne serait pas retournée en pélerinage sur les traces des voyages faits avec son ex mari.

Elles ne s'étaient pas vraiment choisies, elles ne se connaissaient pas assez pour cela, mais elles avaient uni leurs solitudes.

Déjà, Maya avait pu voir que Louise était moins cool qu'elle ne paraissait. Une valise ultra pleine, un oeil toujours rivé sur la pendule, l'autre sur les gens. Maya fit des efforts pour rassurer Louise tout au long de leur séjour. Mais comme elle savait que Louise avait besoin de se donner de l'importance, elle mettait en valeur la moindre des décisions de son amie. Ce qui forçait un peu Louise à se mettre en avant.
L'aînée connaissait un peu le pays, elle prit beaucoup de bonnes initiatives.
Ce fut un séjour assez reposant pour l'une comme pour l'autre.
Elles réussirent à vivre à leurs rythmes très différents, l'une passive physiquement, mais ultra active dans sa tête, observant les gens et s'en moquant à longueur de journée, ce qui aurait épuisé Maya si elle n'avait pas pris le parti de ne pas l'écouter dès le départ. L'autre active physiquement, mais incapable de réfléchir à quoi que ce soit tant elle était partie dans un état d'épuisement moral.

La promiscuité, le fait de ne connaître personne dans ce lieu idylique de vacances les avaient conduites à des confidences, inévitablement.
Maya avait eu confirmation de ce qu'elle soupçonnait: Louise était ancienne alcoolique.
Et Louise avait, quelques instants, mis son intarissable besoin de parler de côté, pour entendre que Maya avait de graves problèmes sexuels avec son mari depuis toujours.
Puis Louise avait continué de s'étendre sur sa propre vie, qu'elle racontait pourtant copieusement depuis des années à toute oreille compatissante. Mais cette fois-ci, Maya avait eu droit aux détails sordides, aussi bien sur sa maladie que sur le comportement sexuel de son ex mari. Maya était effarée que son amie plus âgée aime toujours son ex, parle toujours de lui comme "son" mari, après tout ce qu'il lui avait fait subir.
Enfin, l'aimait elle? Tant de rancune, tant de médisance, tant de souffrance et de sentiment de solitude transparaissaient dans les récits de Louise...
Son ex mari l'obsédait, c'était un fait, mais était- ce de la haine, était-ce de l'amour? Mystère.

Comme chaque fois qu'elle partait en vacances avec quelqu'un, Maya était sidérée par son côté matérialiste. Elle ne comprenait pas cette fièvre acheteuse, elle ne l'avait jamais compris. Comment les gens, dès qu'ils étaient hors de leurs frontières, se mettaient à acheter des horreurs de bibelots, des denrées hors de prix, des trucs immettables, juste sous prétexte qu'ils étaient en vacances?
Maya n'avait jamais compensé ses vides affectifs par des achats compulsifs, mais par l'écriture, la lecture ou la natation.
Lorsque Louise avait acheté son cinquième paréo et son sixième T shirt, bleus, inévitablement bleus, Maya n'avait pu s'empêcher de lui faire la remarque qu'elle serait en excèdents de bagages et qu'elle achetait finalement la même chose à chaque fois.
Cela n'avait pas raté, heureusement que Maya n'avait que trois t shirts et un bermuda dans sa valise, elle avait pu prendre les dix kilos d'excédents de bagages de son amie au retour... tout en fulminant intérieurement.
Pour elle, Maya avait rarement envie d'acheter quelque chose, mais elle regrettait toujours de ne rien voir d'assez beau ou solide à rapporter à sa famille. Elle savait qu'elle les décevait à chaque retour, car ils étaient un peu matérialistes et à leurs âges ils aimaient les babioles.
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MessageSujet: senteurs suite 1   Senteurs Icon_minitimeVen 9 Mar - 21:37

Les deux femmes avaient donc passé une excellente semaine, dans ce domaine arboré où des immeubles de six chambres étaient disséminés harmonieusement.

Le matin du départ, la plus âgée, s'était trompée d'heure avait bouclé sa lourde valise, l'avait descendue en ahannant, trois étages dans un escalier raide, l'avait laissée en bas de leur petit immeuble. Voyant que Maya ne rentrait pas de sa randonnée matinale, elle avait aussi pris la liberté de boucler sa valise, de la descendre et la mettre aussi en plein soleil. Puis elle l'avait attendue, dans la chambre conditionnée, anxieuse, s'efforçant de lui sourire gentiment quand enfin elle arriva, toute détendue après avoir pris son petit déjeuner et fait ses cinq kilomètres sur le sable.

Maya, souriante mais ferme expliqua qu'elles avaient vérifié les horaires la veille, remonta sa valise, demanda à sa compagne si elle voulait qu'elle lui remonte aussi la sienne, et comme elle refusait, elles partirent vers la réception, où on leur confirma que les chambres ne devaient être libérées qu'à midi et que les valises seraient ramassées après. Après le petit déjeuner de son amie, Maya l'accompagna jusqu'en haut du parc pour lui remonter sa valise qu'elle n'avait pas fermée à clé.
La pauvre femme soufflait et souffrait de son poids dans les côtes. Elle avait quand même tenu à venir.

Elles passèrent la matinée à la plage, puis déjeunèrent tranquillement. Dans l'après-midi, elles profitèrent jusqu'au dernir moment de la mer Caraïbe si chaude et prirent leur douche dans les vestiaires communs, après avoir bataillé pour avoir des serviettes et fait la queue avec les autres partants.

Elles prirent un apéritif au bar de l'hôtel, puis s'embarquèrent dans le bus pour l'aéroport.
Vous pensez que le récit s'arrête là?
Pas du tout, c'est là que tout commence!
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MessageSujet: Senteurs, suite 2   Senteurs Icon_minitimeLun 12 Mar - 15:36

Dans le bus, comme d'habitude, Maya pestait intérieurement contre son amie qui débordait de partout, que ce soit par ses formes généreuses, empiètant malgrè l'accoudoir sur sa place, par son verbiage inutile et d'une voix qui portait jusqu'au fond de l'autocar, ou ses multiples paquets dignes d'une bohémienne, dont les coins écornaient les coups de soleil de Maya.
Mais Louise avait si bon coeur, son besoin inextinguible d'être remarquée n'était qu'un infime détail, Maya décida de ne pas en faire état.
Intérieurement elle pesta contre elle-même, pourquoi ne partait-elle jamais seule? L'inévitable question de coût? Non, pas seulement. La prochaine fois qu'elle partirait, Maya se dit qu'elle n'en parlerait à personne, ça lui éviterait les parasites. Elle partait toujours avec des gens trop mous, trop vieux. C'était de sa faute à elle, Maya, pas de la faute des amis.

Le car avait à peine quitté l'hôtel, à la suite de l'autre, que tout bascula irrémédiablement dans un univers que peu de gens soupçonnaient après avoir passé une semaine dans ce microcosme de vacanciers aisés et non aventuriers.

Tandis que le premier car tournait à droite, le second, tout aussi plein de touristes anonymes, continuait tout droit.
Louise dit à Maya:
"Ils prennent deux itinéraires, pour faire la course, je connais cette route, elle mène aussi à l'aéroport. A mon avis, on va arriver avant les autres."
Elles rirent de concert, mais qu'importait de gagner la course ou pas, de toutes manières il faudrait attendre après l'enregistrement.

Louise farfouillait dans son sac à la recherche de quelque objet inutile, comme durant tout son séjour, tandis que Maya repassait dans sa tête les splendides levers de soleils, les marches sur la plage aux aurores, les punches sirotés sur la terrasse en bordure de mer, les souvenirs tranquilles et doux, si précieux, de cette semaine. Par bribes, ces instants paisibles étaient gâchés par la perspective des horreurs qu'elle aurait à affronter en arrivant à la capitale.
Soudain, un homme trois rangs derrière elles se leva et alla dire un mot au chauffeur. Malgrè sa voix de stentor, Louise avait l'ouÏe fine et elle entendit ce qu'ils se murmuraient. Elles étaient assises juste derrière le chauffeur. Elle fit signe à son amie d'écouter aussi.
Maya détestait être indiscrète, elle tenta d'entendre, mais elle ne réussi à capter qu'un mot:
"Fou".
Le ton montait entre chauffeur et touriste, puis tout d'un coup, ils se mirent à parler en arabe. Maya était stupéfaite. Elle avait quelques notions d'arabe classique. Cela lui suffit à comprendre qu'en effet, à aucun prix les autres passagers ne devaient savoir ce qui se disait entre les deux hommes, l'un Noir, l'autre Blanc.
Finalement, le chauffeur dit en Egyptien au touriste :
"Retourne à ta place ou tu es mort."
Sentant que l'heure n'était plus aux polémiques, le touriste prit deux secondes pour se composer un visage calme avant de retourner à son siège.
Maya se mit à trembler de tous ses membres. Comme lorsqu'elle devait argumenter sans le blesser avec son ami qui lui bouffait la vie. Elle se sentait en danger et toutes ses forces l'abandonnaient ! Elle devait bander sa volonté pour ne pas mourir de chagrin, de panique, d'impuissance. Temporiser, trouver un argument que le touriste n'avait pas trouvé. Oui, mais Maya savait que dans ces cas-là, elle ne pouvait rien exprimer.
Rien d'autre que des cris silencieux, traduits par ces fichus tremblements.
Il lui fallait attendre que la panique quitte le corps pour laisser l'esprit fonctionner, se connecter de nouveau aux mots, aux mots humains, se libérer de ses sensations pour accéder aux pensées.
Pensées rationnelles, échanges d'idées, de valeurs, mots faits pour être entendus.
Maya ne parvint pas longtemps à dissimuler ses tremblements.
Louise finit par s'en rendre compte.
"Tu as froid?"
Ne pouvant même pas répondre à cette simple question, elle se contenta d'hocher la tête. Gentiment, Louise coupa la clim au dessus de la tête de son amie, lui passa un paréo en guise de foulard et lui fit une fois de plus savoir que sans elle, elle ne s'en serait pas sortie. Pour une fois, Maya fut reconnaissante à son amie de son auto satisfaction, elle ne se rendrait pas compte qu'elle était tout à fait à côté de la plaque.
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MessageSujet: SENTEURS SUITE   Senteurs Icon_minitimeDim 18 Mar - 17:04

Maya réfléchissait, pendant que le car poursuivait sa route. C'était vraiment impressionnant que personne, hormis le touriste qui avait parlementé avec le chauffeur ne se rende compte qu'il n'allait pas du tout à l'aéroport.

Peu de temps avant de partir en vacances, elle avait trouvé une méthode pour échapper aux tortures morales que son "ami" lui infligeait, méthode pour s'extraire mentalement de sa douleur. Ce n'étaient que des instants fugaces, mais elle avait compris qu'ils lui suffisaient pour ne serait-ce que reprendre sa respiration, pouvoir ordonner à son coeur de battre plus régulièrement, calmer ses spasmes, ses tremblements, quelques secondes.
Elle repensa donc, comme lorsqu'elle était avec ce tortionnaire qu'elle fuyait, à ces instants de bonheur et de décontraction intenses qu'elle avait éprouvés avec un ancien amant décédé depuis. Cela suffit à lui faire reprendre un calme relatif.

Maya, les yeux fermés, considéra plusieurs solutions:
A- Elle disait à Louise de quoi il retournait. Cette dernière était assez pragmatique, elle pourrait l'aider à trouver une solution. Oui, mais garderait elle son calme? Le fait que Louise se réfugie sans cesse dans des achats ou des collections d'objets inutils prouvait son manque d'assurance.
B-Elle ne disait rien, mais trouvait toute seule une solution pour sauver tout le groupe.
C- Elle rentrait en contact avec le seul passager qui avait compris de quoi il retournait, deux rangs derrière. Oui, mais comment?
D- Eh bien il n'y avait pas de D. Ou alors, s'en remettre aux mains de Dieu, justement...
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MessageSujet: Re: Senteurs   Senteurs Icon_minitime

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