Louis la Brocante avait décidé de ranger son atelier et dans ce fatras innommable, il entre entreprit de jouer au marchand. Il ouvrit la porte et d’une courbette, fit signe à l’homme de son imagination qu’il appela Monsieur Pich, d’entrer.
Louis avait un don de mimétisme incroyable, et il s’amusait souvent à caricaturer des personnages. Il fit mine de montrer à Monsieur Pich sa collection de turquoise, un vieux canevas dont les fils de laine s’effilochaient et un vase en argile ébréché à la base. Ses gestes étaient lents ou vifs selon qu’il sentait son client prêt à sortir le porte-monnaie et faire l’affaire de la semaine.
Il décida d’emmener Monsieur Pich dans l’arrière-cour, là où il avait entreposé un miroir dont le cadre en argent faisait toute la valeur. Monsieur Pich tomba en admiration devant l’objet rare et uniquement parce qu’il savait sa préciosité, il n’allait pas regretter son achat. Il se sentit même chargé d’une mission presque divine.
Dans le miroir argenté Louis ne voyait que son reflet, mais il aperçut un vrai visiteur cette fois-çi qui avait déjà pénétré dans l’atelier et qui examinait les trouvailles qui l’entouraient. Louis s’avança le visage accueillant et tendit la main :
- Bonjour Monsieur ???
- Pich répondit l’inconnu, je suis Monsieur Pich inspecteur des impôts. Vous ne vous attendiez pas à me voir sans doute ?
- Positivement répondit-il dans la confusion.